Les rencontres de l'Orme 2008

Séminaire de l'ASTI
(Association française des sciences et technologies de l'information)

 

Au sein de l'ASTI, un groupe de travail, créé sur l'initiative de l'EPI (Enseignement public et informatique), travaille sur les modalités éducatives à même de donner une bonne culture générale en Informatique et TIC. Il promeut notamment un enseignement en tant que tel au lycée, intitulé « Informatique et technologies de l'information et de la communication » (ITIC), dans la continuité du cours de technologie au collège et des premières initiations à l'école primaire.

Vaste domaine de la connaissance, l'informatique et les technologies de l'information et de la communication sont présentes dans tous les secteurs de la société ; elles contribuent à faire évoluer tous les domaines d'activité et les autres disciplines scolaires dans leur essence même (objets, méthodes) ; elles changent la manière dont nous voyons le monde et dont nous nous voyons nous-mêmes.

Leur enseignement spécifique, complémentaire de l'utilisation de l'informatique et des TIC dans les disciplines traditionnelles, constitue un objectif incontournable de culture générale scolaire pour tous dans l'École du 21e siècle, et un besoin fondamental de la société. Mais également une modalité éducative efficace pour lutter contre le déficit en informaticiens compétents. « L'informatique, une discipline scolaire : réflexions et actions en cours », le groupe ITIC de l'ASTI présente ses travaux, réflexions et actions en faveur de la culture informatique scolaire à l'école primaire, au collège et au lycée, notamment sa proposition de programme d'une discipline informatique et TIC au lycée.

Un atelier « L'informatique, une discipline scolaire : réflexions et actions en cours »
a été animé par Jean-Pierre Archambault (président de l'EPI et membre du BN de l'ASTI) et a réuni :
· Gilles Dowek (professeur d'informatique à l'École Polytechnique)
· Michèle Drechsler (IEN)
· Philippe-Charles Nestel (professeur de technologie, collège Rocher du Dragon, Aix-en-Provence)

Dans une table ronde « Culture et enseignement informatiques dans l'enseignement scolaire »
animée par Jean-Pierre Archambault sont intervenus :
· Éric Bruillard (professeur à l'université Paris 12) ;
· Gilles Dowek (professeur d'informatique à l'École Polytechnique) ;
· Monique Grandbastien (professeur d'informatique à l'université Henri Poincarré Nancy 1) ;
· Maurice Nivat (professeur honoraire à l'université Paris 7 et membre de l'Académie des Sciences).

 
Éric Bruillard

   La présentation a résumé les principaux résultats du projet DidaTab (didactique du tableur) qui s'intéressait aux usages et compétences des jeunes du tableur, ainsi qu'aux prescriptions officielles concernant le tableur.

   On trouvera les informations sur le projet et ses principaux résultats sur le site de STEF :
http://www.stef.ens-cachan.fr/didatab/fr/.

   La première question clé à laquelle souhaitait répondre le projet DidaTab est celle de la familiarisation du tableur pour les élèves. Selon un discours commun, une simple initiation suivie d'utilisations multiples dans des contextes différents est censée permettre aux élèves de construire une maîtrise suffisante du tableur afin qu'ils puissent l'utiliser avec profit dans les situations éducatives qu'ils vont rencontrer au cours de leur scolarité. Pour la grande majorité des élèves, la réponse est clairement négative : leur maîtrise du tableur est embryonnaire et largement insuffisante pour qu'ils puissent en bénéficier pour des usages disciplinaires productifs, leur confiance dans leurs propres capacités est également très limitée. En corollaire, si des utilisations ponctuelles sont attestées, il y a très peu d'usages construits.

   On peut considérer que le tableur est l'objet d'une sorte de dénégation ou de dévalorisation. Quatre dénégations différentes sont à interroger :

  1. le tableur ne justifie pas un apprentissage ou un enseignement particulier ; il s'apprend sur le tas : nos résultats attestent du contraire

  2. Pour la grande majorité des chercheurs en informatique, le tableur en tant qu'objet n'est pas considéré comme étant intéressant. En conséquence il est peu considéré, voire déconsidéré (plusieurs chercheurs ont témoigné avoir stoppé leurs recherches autour du tableur et des enseignants ont dû abandonner les formations au tableur qu'ils proposaient en école d'ingénieur)

  3. Dans les entreprises, les usagers du tableur, bien que très nombreux, sont souvent peu reconnus, voire méconnus. Leurs collègues ou leurs supérieurs hiérarchiques ne savent pas trop ce qu'ils font avec le tableur ni comment ils le font.

  4. Dans le secteur tertiaire principalement, les erreurs dans les feuilles de calcul sont nombreuses et ont des incidences importantes en termes de coût financier ou plus simplement en termes de temps gaspillé (ce que nous avons déjà vérifié avec le traitement de textes)

   Le débat autour de l'enseignement de l'informatique ou de l'acquisition de compétences en technologie de l'information et de la communication est le plus souvent basé sur une opposition forte entre programmeurs et utilisateurs (non-programmeurs). La prise en compte des résultats venant du projet DidaTab montre que cette dichotomie est fausse et qu'il devient urgent d'aller au-delà. Au plan historique, l'avènement du tableur avec les micro-ordinateurs a ouvert la voie à de nouvelles formes de programmation, plus interactives et visuelles et le tableur s'est avéré être l'outil de prédilection des end-user programmers (on pourra noter que ce terme qui désigne une partie non négligeable des utilisateurs de l'informatique n'a pas trouvé de traduction satisfaisante en français). Il est important de repenser la place du tableur dans l'éducation dans le contexte d'une programmation en bout de chaîne effectuée par des utilisateurs n'ayant pas suivi d'études longues en informatique, mais ayant à organiser et adapter leurs instruments de travail. Quelle formation concevoir pour les aider dans cette tâche ?

   Allant plus loin, en revisitant le travail de Goody sur l'impact de l'écriture (rôle spécifique des listes et des tableaux), on peut souligner l'importance de la notion de table et que les possibilités offertes par internet la renouvelle : une nouvelle écriture collective, des structures de tables interactives... Un tel cadre devrait aider à modifier profondément la réflexion sur la place du tableur, en tant que tableau interactif éventuellement partageable à distance, dans l'éducation.

 
Gilles Dowek

   Gilles Dowek a présenté la proposition de programme que le groupe ITIC de l'ASTI a livré au Ministère de l'Éducation nationale. Il a d'abord rappelé les principes qui avaient guidé la construction de ce programme :

- Placer le programme des lycées dans une vision pour l'ensemble de l'ensemble du cursus en informatique de la maternelle à l'Université avec une phase en amont du lycée centrée autour de la maîtrise de logiciels (traitement de textes, messagerie électronique...) et de rudiments de théorie de l'information (numérisation, uniformité de la représentation des données), une phase au Lycée centrée autour de l'apprentissage des connaissances nécessaires à l'écriture d'un programme simple (compréhension des constructions d'un langage de programmation et des algorithmes élémentaires), et une phase en aval du lycée consacré aux diverses branches de l'informatique en tant que discipline scientifique (cryptologie, compilation, protocoles de communication, synthèse d'images...).
- Faire de l'informatique une discipline à part entière
- Utiliser une pédagogie active dans laquelle les lycéens apprennent à la fois dans des cours magistraux et en écrivant eux-mêmes des programmes.
- Se concentrer sur les aspects fondamentaux de la disciplines, c'est-à-dire sur les invariants qui ne se démodent pas (par exemple se concentrer sur les constructions communes à de nombreux langages de programmation, et non sur les particularités d'un langage donné).

   Il a ensuite présenté les grands chapitres d'un tel programme :
- la consolidation des acquis du collège,
- les constructions des langages de programmation,
- les algorithmes élémentaires,
- la structuration de l'information du bit à la base de donnée,
- la compréhension du calcul dans l'espace (architecture, réseaux),
- la compréhension du fait qu'un calcul se déroule dans le temps (complexité).

 
Michèle Drechsler
« L'informatique à l'école. Analepse et prolepse pour une discipline retrouvée ? »

   Michèle Drechsler, IEN, a retracé l'histoire de l'enseignement de l'informatique de 1985 à 2008 en passant par 1995. Les programmes scolaires des années 1985 et 1995 ont réservé une place importante à la culture informatique, à l'étude d'objets et de systèmes informatiques. Dans les programmes et instructions pour le cours moyen de 1985 p. 53, l'élève devait « acquérir les rudiments d'une culture informatique », « L'informatique est considérée, comme un domaine exemplaire de la technique et de la technologie moderne, et, partant, comme un accès privilégié à une culture technique d'aujourd'hui et pour demain ». Les programmes actuels reposent sur la mise en place du B2i avec le développement de compétences (BO de juillet 2006). Ce dernier texte, qui, néanmoins met en évidence des notions et des connaissances générales à acquérir, ne facilite pas une construction détaillée et progressive des concepts à acquérir au fil de la scolarité, pour développer une culture informatique. L'enseignement de l'informatique en tant que tel est incontournable pour dispenser une culture informatique et il doit s'inscrire dans une approche conceptuelle progressive.

   À partir d'expériences vécues, elle a mis en évidence dans quelles mesures travailler sur les concepts d'information et de fonction à partir de situations de « robotique » permet aux élèves de comprendre ce qu'est un ordinateur, dès l'école primaire. On arrive à un premier niveau de formulation du concept d'information qui, exprimé par les élèves, est assez proche de la définition simple qu'en donne J. De Rosnay : « l'information est le contenu d'un message qui déclenche une action ». S'appuyant sur ses expérimentations (CAFIMF) intégrant des projets de robotique au CM (automatisation de 2 feux tricolores), l'exploitation d'une visite d'une ferme robotisée, elle a abordé l'apport des activités de programmation au primaire pour approcher les objets et les systèmes informatiques. Mais l'enseignement de l'informatique ne saurait se limiter à la robotique et la programmation.(Computer Literacy). Il doit prendre en compte une éducation aux médias (analyse et production de vidéos) (Media literacy), la maîtrise de l'information (Information Literacy), le traitement de l'information, son histoire... (les élèves ont pu approcher le traitement automatisé de la boîte à musique avec des cartes à perforer).

   Qu'en est-il des nouveaux programmes 2008 pour la construction des notions pour une culture informatique ? Dépasseront-ils les simples compétences du B2i d'utilisation de l'informatique ? Sauront-ils intégrer des notions ou des connaissances à construire progressivement, en s'appuyant sur une « grammaire informatique » ou une « grammaire des TIC » en interaction avec l'environnement, pour développer chez les élèves, des aptitudes à décrypter les enjeux des nouvelles applications informatiques dans la société et utiliser les TIC d'une façon raisonnée ? L'école saura -t-elle intégrer Logo, Smalltalk, des langages « objets » pour le développement d'objectifs métacognitifs, un tiercé gagnant pour « apprendre à apprendre », une clé pour la réussite scolaire ?

Références

Drechsler Michèle. CAFIMF certificat d'aptitude aux fonctions de maître formateur, 1989 (Sur l'enseignement de l'informatique et à la technologie à l'école), Académie de Nancy-Metz.

Drechsler Michèle. CAFIMF – Ressources et technologiques éducatives, 1998, Académie de Nancy-Metz.

 
Monique Grandbastien

   Je ne débattrai pas de l'existence de la discipline informatique (c'est une autre question...) Je postule que cette discipline existe, j'en veux pour preuve sa structuration au niveau de l'enseignement supérieur et de la recherche, en France comme à l'étranger et les curricula proposés pour cette discipline, qui malgré des différences, partagent un large corps de doctrine !

   La question (l'urgence devrais-je dire) qui nous occupe est que cette discipline n'est pas enseignée en tant que telle au lycée, sauf de façon spécifique en STI et STG, que l'initiation à la construction d'algorithmes jadis pratiquée en maternelle et primaire à l'aide des tortues et autres LOGOs semble avoir disparu et que ce qui pouvait être considéré aussi comme une initiation à l'informatique dans les programmes de technologie collège a été significativement réduit.

   Je ne vais pas revenir sur l'omniprésence des applications de l'informatique pour le professionnel et le citoyen d'aujourd'hui et encore plus de demain ! L'informatique change et changera de plus en plus nos façons d'agir et de réagir, de nous informer et de nous former, et tout ne relève pas du « presse-bouton » dans ces changements, tout n'est pas simple question d'usage. Il faut aussi comprendre un peu ce qui se passe !

   Une compréhension des concepts et mécanismes sous-jacents à toutes ces applications est indispensable pour former des citoyens et des usagers éclairés et créatifs (et non pas passifs !). Cette compréhension doit être fournie à l'école tout au long de la scolarité. À l'école élémentaire et au collège, il convient de déterminer les objectifs, décider comment les atteindre, et pour le collège qui sera chargé de donner cette formation.

   Cette compréhension générale ne s'oppose pas à l'usage de l'informatique dans les différentes disciplines et dans les différents champs professionnels. Elle en est complètement complémentaire et c'est la symbiose des deux qui fera le citoyen éclairé de demain. On a cru que la formation par l'usage suffirait. Ce n'est plus le cas (si toutefois cela a été vrai un jour), l'usage dans tel ou tel domaine cache les concepts communs et les compétences communes à développer par chacun !

   Au lycée, la situation actuelle montre qu'une culture informatique correcte ne peut être donnée sans un espace (horaire, professeur, classe, matériels) réservé à cela avec des objectifs, un encadrement assuré par des enseignants formés à cet effet et une évaluation. Le B2i n'a pas cet objectif et ne joue pas ce rôle.

   Cette culture doit être donnée à tous, avec des modalités propres aux différentes filières. Il s'agit de définir les objectifs ( à la mesure de l'importance de l'informatique dans la société actuelle et de son rôle moteur dans tous les changements et toutes les innovations). Il faut ensuite choisir des modalités pour remplir ces objectifs.

   À titre transitoire, une option informatique est une solution réaliste et facilement réalisable en lycée. Avec des objectifs adaptés à l'époque, l'option informatique des lycées (1981-90) a montré la faisabilité d'un tel choix dans le cadre institutionnel, avec des enseignants formés pendant une année ou un semestre (+ accompagnement complémentaire), plus d'une centaine de lycées concernés et des épreuves au baccalauréat chaque année.

   Le programme proposé par le groupe ASTI-ITIC est une proposition d'objectifs et de mise en oeuvre possibles. Il peut convenir à des sections scientifiques. Il peut évidemment être retravaillé. Toute mise en oeuvre permettra d'observer et d'améliorer. Il y aura lieu notamment de proposer rapidement une option pour toutes les sections, puis des objectifs et contenus pour tous.

   Enseigner l'informatique au lycée, c'est indispensable et c'est faisable parce que cela a déjà été fait !

Monique Grandbastien
Professeur d'Informatique à l'Université Henri Poincaré Nancy 1
Équipe AIDA/LORIA
Chargée du pilotage national de l'option

 
Philippe-Charles Nestel

   L'informatique et les technologies de l'information, en inversant le processus de pensée posé par Descartes – celui du bâton dans l'eau que mon oeil voit cassé et que la raison voit, d'un savoir étranger à mes sens, dans sa rectitude – dédoublent la perception : celle du corps qui se déplace dans un espace réel, celles d'images mentales qui se déploient dans un espace virtuel. Ce qu'elles donnent à voir n'est plus le reflet d'un bâton brisé, mais une représentation numérique médiatisée par une interface.

   Notre environnement principalement composé naguère d'objets physiques, d'objets techniques, se dédouble d'objets numériques. Le vélib n'est plus seulement un vélo, c'est aussi un réseau. Décrypter cet environnement technologique par la seule démarche d'investigation, telle qu'elle est préconisée dans les nouvelles orientations des programmes de Technologie, recentrée sur l'aspect matériel des produits  [1], ne permettra pas de le rendre intelligible aux jeunes générations.

   La méthode dite d'investigation est née aux États-Unis en 1957 sous le nom de projet « Hands On », et fut reprise, dans son principe, par le prix Nobel de physique Georges Charpak dans un plan d'expérimentation lancé en 1996 intitulé « La main à la pâte ». Elle consiste à observer un objet sous différents axes, celui de l'analyse fonctionnelle (comment ça marche), celui de son esthétique (son design), celui des matériaux, celui de l'évolution historique de l'objet, celui de sa fabrication (comment c'est fait). Malheureusement, cette approche où l'informatique est incorporée dans une « boîte noire » en tant que bloc fonctionnel d'un système d'information, ne permet pas de rendre compte de sa double réalité technologique. La démarche d'investigation, telle qu'elle est proposée, ne sépare pas ce qui modifie les forces de la nature et/ou revêt un caractère technique, des programmes informatiques en tant qu'algorithmes écrits dans un langage de programmation.

   Elle recommande des objets pluri-technologiques physiquement présents dans la salle de Technologie tout en faisant appel à des artefacts de simulation numérique pour approfondir la connaissance de l'objet « physique » :

  • l'objet n'entre pas dans la classe (TGV, bateau, voiture, édifice urbain, etc..),
  • le fonctionnement étudié n'est pas visible (roulements à billes, roue libre etc..),
  • les consignes de sécurité ne permettent pas l'investigation sur l'objet « physique »,
  • les conditions d'exercice (nombre d'élèves par classe), équipements, crédits interdisent des observations/manipulations concrètes, etc.

   De ce fait, ces nouveaux programmes de Technologie ne répondent ni à l'exigence d'étude des objets techniques telle qu'elle est pratiquée dans la démarche de projet technologique qui se référe à des pratiques sociales, industrielles et économiques réelles ; ni à l'exigence épistémologique d'étude de l'informatique et les objets numériques dans leur spécificité technologique. « Les moments où l'enseignant fera de l'informatique pour l'informatique doivent rester exceptionnels. » stipule le compte-rendu des réunions de novembre et décembre 2007 du groupe d'experts « programmes de Technologie au collège »  [2].

   Pourtant, l'informatique, qualifiée par Jean-Louis Martinand de « technologie de l'information », représentait environ un tiers du programme de Technologie au collège  [3] pour les apprentissages spécifiques aux savoirs de base, en 1996. Ignace Rak, dans sa Contribution  [4] à la commission E-Educ présidée par Jean Mounet, rappelle que dans les deux tiers restants, les notions et compétences acquises en « technologie de l'information » étaient ensuite mobilisées en tant qu'« outils » dans des réalisations contextualisées spécifiques au programme de Technologie. En ce sens, les programmes de 1996 constituaient un enseignement ITIC, certes perfectible, et n'étaient pas seulement limités au seul usage des TICE. Ignace Rak dresse d'ailleurs la liste de 66 notions  [5] et compétences attendues dans les unités de « technologie de l'information » de ce programme.

   Les professeurs de Technologie sur lesquels « l'acquisition des compétences du B2i repose en grande partie »  [6] ont été remerciés. Tous les items du B2i qui reposaient sur des « compétences » nécessitant des savoirs fondamentaux sous-jacents informatiques ont été supprimés.

   Il importe non seulement que ces notions soient rétablies dans un curriculum mais renforcées. Personne ne peut sérieusement considérer aujourd'hui dans un monde globalisé que la technologie c'est seulement l'étude des objets techniques. La notion de « produit logiciel »  [7] indépendante du matériel a été perçue par les développeurs et les utilisateurs dès le début des années soixante. Les objets numériques n'obéissent pas aux mêmes règles que les objets techniques définis dans un espace à trois dimensions. Ils n'en sont pas moins réels en ce qu'ils sont manipulables et exécutables par une machine. Les fichiers ne sont pas seulement définissables par des contenus, ils sont avant tout structurés dans un format de document accompagné d'un programme informatique pouvant être stockés sur un support. Seule leur étude pourra rendre notre environnement numérique intelligible aux jeunes adolescents.

   Les compétences d'usage des technologies de l'information et de la communication, validées par toutes les matières dans le B2i ne permettront pas de former des citoyens éclairés par des notions, si ces compétences ne s'accompagnent pas d'un cours d'informatique dédié et intégré, en collège. Nous proposons que ce cours ait lieu en Technologie et pour certains aspects en Documentation à défaut d'une discipline spécifique. Ces programmes devront s'harmoniser à ceux élaborés par l'ASTI pour le lycée et l'école primaire.

   « La solution passe par la refonte des programmes éducatifs consacrés à l'informatique, trop centrés sur la pratique, et le renforcement des moyens consacrés à ces formations informatiques. À l'échelle d'une génération, l'enjeu est majeur : en se concentrant sur la pratique, on crée une génération dépendante de la technique ; en se concentrant sur la technique, on crée une génération autonome et capable d'inventer toutes sortes d'usages », avait déclaré le candidat Sarkozy au questionnaire de Candidats.fr. Chiche !

   Il importe également que ces formations aient lieu sur des logiciels libres qui permettent non seulement d'utiliser librement les logiciels, mais aussi de les étudier, de les améliorer et de les partager.

Ce document peut être reproduit par n'importe quel moyen que ce soit, pourvu qu'aucune modification ne soit effectuée et que cette notice soit préservée.

NOTES

[1] Compte-rendu des réunions du premier trimestre 2008. Groupe d'experts « programmes de Technologie au collège » :
http://www.pagestec.org/web2001/article.php?sid=823.

[2] Compte-rendu des réunions de novembre et décembre 2007. Groupe d'experts « programmes de Technologie au collège » :
http://www.pagestec.org/web2001/print.php?sid=777.

[3] La technologie au collège donne aux adolescents la liberté de choix d'orientation - Entretien avec Jean-Louis Martinand, Professeur à l'École normale supérieure de Cachan
http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/larecherche/Pages/2003/ analyses_40_Latechnologieaucollegedonneauxadolescentslalibertedechoix.aspx.

[4] 1996-2008. Apprentissages aux TIC au collège : faits historiques et d'actualité
http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a0802e.htm.

[5] Apprentissages des T.I.C. et informatique au collège : discipline, dans une discipline, ou dans les disciplines ?
http://pagesperso-orange.fr/techno-hadf/edu/13-college_fr_2005-2010-6/ HADF_13-1_TIC_et_informatique_au_college_discipline_dans_une_discipline_ou_dans_les_disciplines.doc.

[6] Compte rendu des journées de septembre et octobre 2007. Groupe d'experts « programmes de Technologie au collège »
http://www.pagestec.org/web2001/article.php?sid=717.

[7] http://www.april.org/articles/livres-blancs/ modeles-economiques-logiciel-libre/200712-modeles-economiques.pdf.

 
Maurice Nivat

On se réfèrera à l'article « Vaches et informatique » publié sur le site de l'EPI,
a0804e.htm.

___________________
Association EPI
Mai 2008

Retour