Quelques notes de lecture sur le rapport Fourgous :
Réussir l'école numérique
 

   Le rapport de la mission parlementaire de Jean-Michel Fourgous, député des Yvelines, sur la modernisation de l'école par le numérique, Réussir l'école numérique, a été remis au Ministre de l'Éducation nationale Luc Chatel le 15 février dernier. Ce rapport est dense, documenté et approfondi. Il traite un ensemble de problématiques larges et variées. Les notes de lecture qui suivent, partielles, ne portent que sur les questions de culture générale informatique, d'enseignement de l'informatique, de formation des enseignants et du B2i dont le rapport montre les évidentes « limites ».

   L'EPI et le groupe ITIC-ASTI ont été auditionnés par la mission parlementaire de Jean-Michel Fourgous :
http://www.epi.asso.fr/blocnote/blocsom.htm#091007.

   Concernant la création d'un enseignement optionnel « Informatique et sciences du numérique » en Terminale S à la rentrée 2012, le rapport se félicite de cette initiative :
« En créant une matière Informatique et sciences du numérique en terminale, le gouvernement français ouvre enfin la voie de l'apprentissage du numérique et redonne à l'école son rôle d'éducateur. » (Partie III, II-1-3, p. 137).

   La mesure 32 s'inscrit dans la problématique de la culture générale au 21e siècle : « Impliquer davantage les élèves de collège et de lycée dans la compréhension de l'environnement informatique par la création de modules facultatifs et progressifs Informatique et société du numérique, pour découvrir et se former aux enjeux du numérique, mieux connaître l'informatique et mieux utiliser les outils. », p. 213.

   L'enjeu de culture générale scientifique et informatique est également présent dans les passages consacrés au B2i, dans ce qu'il n'est pas et ne permet pas (Partie III, II-5-3, p. 188).

   L'enjeu est clair : « L'Éducation nationale doit donc se préoccuper du niveau de base des élèves en informatique. La maîtrise des outils de recherche et de traitement de l'information est indispensable. L'acquisition d'un esprit d'analyse est une nécessité. Le B2i est un début de réponse », p. 190.

   « Le B2i (brevet informatique et internet) est un début de réponse. En effet, en inscrivant, en 2000, les Tic comme un des éléments du socle commun de connaissances et de compétences, la loi les a placées parmi les objectifs fondamentaux de l'enseignement obligatoire. Le B2i est une attestation... », p. 189.

   Créé en 2000, « le B2i doit pouvoir donner à chaque élève les bases nécessaires qui lui permettront, entre autre, de se former de manière autonome, tout au long de la vie, ce qui implique la maîtrise de la technique », p. 190.

   Mais le B2i pose un problème de connaissances absentes : « Le B2i est un vrai début de réponse, mais il ne prend pas en compte ni la capacité à pouvoir se former tout au long de la vie, ni les connaissances techniques de base nécessaires pour comprendre les outils numériques. », p. 189.

   Il pose également un problème d'égalité des élèves et une matière informatique en tant que telle est une nécessité : « Le B2i actuel ne peut qu'accentuer les inégalités entre les élèves, dues à leur origine sociale. La mise en place d'une matière informatique est une nécessité dans une société où tout fonctionne via le numérique. », p. 189.

   Sa conception se discute. « Le B2i est réparti de manière non exhaustive entre les différentes matières. Il ne fait l'objet d'aucun apprentissage à proprement parler... il repose, entre autre, sur ce que l'élève apprend en dehors de la classe. L'utilisation des Tic, dans le domaine des loisirs peut-il réellement conduire à des apprentissages implicites, exploitables en classe ? Peut-on, par ailleurs noter un élève sur une "matière" non enseignée explicitement ? », p. 189.

   En définitive le B2i ne correspond pas aux enjeux : « il ne permet pas d'acquérir une culture informatique, permettant de comprendre les techniques sous-tendant le fonctionnement des divers outils numériques. En reposant, entre autres, sur ce que l'élève apprend en dehors de l'école et en ne reposant sur aucune formation réelle, le B2i ne permet pas aujourd'hui de diminuer les inégalités dues à l'origine sociale de l'élève et augmente la fracture cognitive entre ceux qui savent et ceux qui ignorent. Une matière "informatique" devient une nécessité. », p. 194.

   La mesure 4, qui fait référence à la formation de tous les enseignants et concerne les usages des TIC, non l'enseignement de l'informatique, propose d'« introduire une épreuve mesurant les connaissances et les savoir-faire des candidats, dans le domaine des technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement (Tice), à chaque concours de recrutement des personnels : C2i (Certificat informatique et internet) ou attestations de formation (Validation des Acquis de l'Expérience, VAE...) ». Elle figure dans la « Priorité 2 - Former les enseignants et les cadres pour transformer les pratiques », p. 10.

   Et d'une manière générale, en complément de l'utilisation volontaire par les enseignants d'outils numériques pertinents, le rapport se place également sur le terrain des « obligations ». Ainsi la mesure 61 fixe-t-elle l'objectif d'« aider à renforcer la place du numérique dans les programmes scolaires et à mettre en place des épreuves numériques dans les examens. », p. 14.

   L'EPI et le groupe ITIC-ASTI, dont on connaît les nombreuses initiatives en faveur d'un enseignement de l'informatique en tant que tel, se retrouvent bien évidemment dans les lignes qui précèdent.

La numérotation des pages fait référence, ici, à la version complète téléchargeable du rapport :
http://www.reussirlecolenumerique.fr/
http://www.reussirlecolenumerique.fr/pdf/Rapport_mission_fourgous.pdf

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Association EPI
Février 2010

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