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Exploration des valeurs aspectuelles d'un temps du français :
transfert d'expertise et environnement d'apprentissage

Présentation générale
 

Le système aspecto-temporel

Pour ce qui est de la constitution de la notion d'aspect en objet d'enseignement à travers son traitement dans les manuels, on se reportera à l’étude qu’en a faite J.M. Fournier [Fou 93, 95]. Traditionnellement, le temps renvoie plutôt à un repérage de la relation énoncée par rapport au processus d'énonciation ou à d'autres procès, alors que l'aspect renvoie à ce que vise l'énonciateur à travers sa représentation de la situation, comme statique ou évolutive, et dans ce dernier cas selon qu'il s'intéresse à ses phases antérieures, initiales, internes ou terminales, à son développement, son achèvement ou son résultat.

Dans les grammaires scolaires, le temps et l'aspect, lorsqu'ils sont présentés séparément, forment deux catégories distinctes ; J.P. Desclés considère qu'elles n’en forment qu’une, car il est difficile de traiter l'une sans l'autre. C’est un véritable système dont les significations peuvent être décrites avec précision même si, à la différence d’autres langues, les valeurs aspectuelles en français ne sont pas grammaticalisées par des formes verbales spéciales (ou l'ajout de morphèmes spéciaux).

La catégorie grammaticale aspecto-temporelle, selon J.P. Desclés, associe un système de formes grammaticales (morphèmes verbaux) à un système de significations (valeurs sémantiques) par un système de correspondances. Comme une même forme peut avoir des significations (valeurs) différentes, il faut compléter cette description par un ensemble de stratégies d'exploration du contexte pour repérer dans celui de  l’occurrence d'une forme les indices pertinents pour déterminer la valeur correspondante. Chaque couple forme grammaticale/signification est associé à la description du contexte qui le détermine.

Les indices recherchés dans le contexte peuvent être de plusieurs natures. Soit ils relèvent de connaissances sur le monde, soit ils relèvent du domaine linguistique. C’est la deuxième position qui est adoptée dans le modèle de J.P. Desclés : les connaissances linguistiques doivent être explorées avant les connaissances sur le monde. Les résultats obtenus permettront ensuite de faire la part des unes et des autres dans les processus de compréhension. On fait l’hypothèse que les premières suffisent pour reconnaître directement la grande majorité des cas.

Cette stratégie d’exploration contextuelle est au cœur de la méthode, elle se déroule donc à la fois au niveau morphologique, syntaxique, lexical et sémantique. Elle ne fait pas appel au niveau pragmatique. Nous en verrons les limites et les problèmes posés. On peut noter tout de suite que la méthode de l’exploration contextuelle se limite pour le moment au contexte immédiat d’une phrase ou d’un court paragraphe, les instruments d’analyse disponibles dans ces premiers essais ne permettant pas d’aller au delà.
 
Les concepts relatifs à la catégorie aspecto-temporelle et leurs représentations