POLITIQUE TICE
LES CONDITIONS DU SUCCÈS

Philippe Fortin
 

     Réussir une politique TICE ne passe pas seulement par l'injection de centaines de milliers d'euros sous forme de matériel informatique dans les établissements. S'il n'y a pas un véritable accompagnement en ressources humaines, cette politique est vouée à l'échec. Le fonctionnement actuel des TICE dans les établissements de l'Académie repose sur différents facteurs, il est indispensable de les comprendre, et de les prendre tous en compte.

L'attitude des équipes pédagogiques vis à vis de l'utilisation des TICE

     La motivation des enseignants vis-à-vis des TICE n'est pas toujours spontanée, alors que l'utilisation des TICE nécessite un sérieux investissement personnel.

     Cette motivation va naturellement de pair avec les possibilités de formation continue dans ce domaine, ou encore avec l'existence de bonnes conditions locales d'utilisation du matériel disponible, la possibilité de recevoir les conseils d'une personne ressource, ou encore le soutien ponctuel d'un aide éducateur lors d'une séance de TPE...

     Autre point crucial, en l'absence d'échange avec d'autres collègues, le temps de préparation d'activités utilisant largement les TICE devient rapidement démesuré.

     L'existence d'une structure comme le Catice favorisant la mutualisation du travail des professeurs de l'Académie est une condition indispensable au développement de ces pratiques.

Les personnes ressources

     C'est sur les «personnes ressources » que repose la conduite de la politique TICE dans un établissement (organisation de formations, développement du projet TICE, actions ponctuelles auprès des collègues, mais aussi, bien trop souvent, maintenance quotidienne...)

     Bon nombre de ces professeurs sont confrontés à une charge de travail croissante en raison de la généralisation de l'utilisation des TICE dans nos pratiques pédagogiques, notamment avec les TPE.

     Nous savons tous que bien souvent cette charge de travail n'est pas véritablement prise en compte.
Il y a heureusement des exceptions à cette situation, mais ce n'est pas la règle générale.

     La définition d'un cadre clair pour ce type d'activité est absolument indispensable.

     Sans la passion qui les anime, bon nombre de ces « personnes ressources » auraient tout simplement cessé leur activité dans ce domaine.

     Il est naturellement également indispensable qu'ils puissent être totalement déchargés du travail de maintenance purement matérielle... ce qui n'est pas toujours le cas aujourd'hui.
(L'augmentation récente du nombre de M.O. informatique montre que ce point est à présent mieux pris en compte, il reste à souhaiter que tous les établissements se retrouvent dans une situation saine à cet égard.)

     Autre point critique, il est indispensable de comprendre que les « personnes ressources » ne disposent pas du temps nécessaire pour suivre en permanence l'évolution très rapide des TICE.

     Il s'agit avant tout d'enseignants, le plus souvent à plein temps, qui, lorsqu'ils ne sont pas en train de travailler pour leurs élèves, sont contraints de mobiliser l'essentiel de leur temps disponible pour répondre à des préoccupations immédiates de leurs collègues.

     Sans une aide extérieure leur permettant d'actualiser leurs connaissances, leur travail deviendrait rapidement inefficace.

Les professeurs relais

     Pour avancer dans le domaine de la mise en place des TICE dans les établissements, on a absolument besoin de personnes disposant d'une double compétence pédagogique et informatique.

     Sans l'équipe de professeurs travaillant à mi-temps ou à temps complet pour le Catice, capables de répondre à leurs questions ponctuelles ou d'assurer des formations à la demande dans leurs établissements, les professeurs ressources se retrouveraient vite totalement débordés et dans l'incapacité d'apporter une contribution efficace au développement des TICE.

     On peut aussi raisonnablement penser que, par leur connaissance du terrain, ces professeurs relais constituent également une source d'informations très fiables permettant aux responsables académiques d'avoir une vision aussi précise que possible de l'évolution de l'utilisation des TICE dans l'Académie.

L'assistance au quotidien

     Contrairement à ce que l'on pourrait légitimement espérer, les outils informatiques sont loin d'avoir acquis une totale maturité, et le nombre de « petits problèmes » à résoudre est vraiment considérable, y compris lors de l'utilisation d'outils « professionnels ».

     Pour prendre un exemple récent dans l'Académie, on pourrait citer les problèmes liés aux antivirus...

     Bien sûr la mise en œuvre d'un antivirus n'est pas directement une activité pédagogique, mais sans antivirus, on ne peut entreprendre aucune action pédagogique basée sur les TICE de manière sereine...
C'est tout simplement un préalable indispensable. Le problème c'est que dans bon nombre d'établissements, la seule personne en mesure de déployer un antivirus sur le réseau pédagogique, puis de suivre la bonne mise en place des mises à jour, est la « personne ressource » de cet établissement, et celle-ci peut très bien n'avoir qu'une expérience très limitée, voire inexistante, de l'utilisation de solution antivirus adaptée à des réseaux. Les documentations des constructeurs sont le plus souvent totalement inadaptées pour un public non spécialiste.

     Le Catice l'a bien compris et a effectué un travail remarquable dans ce domaine. On peut par exemple citer la mise en place d'un site Internet pour faciliter la diffusion des informations, l'assistance par l'intermédiaire des listes de diffusion de l'Académie, ou l'intervention directe des professeurs relais.

     Naturellement, ceci n'est qu'un exemple, et ce qui vient d'être dit pour les antivirus s'applique aussi à bon nombre d'outils (matériels ou logiciels) régulièrement utilisés par les enseignants lors de leur pratique des TICE.

L'adoption de solutions académiques permettant de donner des outils « clés en main »

     Compte tenu de la faiblesse des moyens humains disponibles dans les établissements, il est indispensable de mettre à disposition des « professeurs ressources » des outils ne nécessitant qu'un minimum d'investissement en temps de travail au niveau local.

     Ce point est absolument crucial, et le Catice s'est montré remarquablement efficace dans ce domaine.

     On peut en particulier citer Eole pour l'indispensable filtrage de l'utilisation d'Internet et la protection contre les intrusions, Argos pour le développement des échanges entre les professeurs et leurs élèves, ou encore des outils adaptés à des besoins spécifiques comme Gibii pour le B2I...

     C'est le travail du Catice qui a été à l'origine du déploiement, ou même de la conception, de ces outils.

     Et à chaque fois, c'est la possibilité de bénéficier de l'expertise de personnes disposant à la fois des connaissances informatiques requises et d'une bonne compréhension des problèmes que doivent gérer les enseignants utilisateurs de l'informatique qui a été à l'origine de la pertinence des solutions proposées.

Encadrement des salles informatiques, maintenance

     Sans la présence d'un aide éducateur affecté à l'encadrement des élèves lors d'une utilisation autonome du matériel informatique, il serait tout simplement impossible de répondre aux besoins dans bien des cas (libre service, TPE sans présence des enseignants, accès aux ressources informatiques dans les internats...).

     De même, il est indispensable de pouvoir disposer du personnel disposant des compétences techniques nécessaires pour assurer la maintenance du parc informatique. Je pense ici aux maîtres ouvriers spécialisés en informatique, à certains aides éducateurs ayant suivi une formation adaptée..., ou naturellement aux techniciens de SCOL.
(La souscription de contrat de maintenance lors de l'équipement des établissements est également un solution envisageable dans certains cas).

     Ce dernier aspect est le seul à être indépendant du travail effectué par une structure comme le Catice.

     En revanche, pour tous les autres points, il est clair que celui-ci occupe une place essentielle dans le dispositif TICE de notre Académie.

     Sans son action, il est certain que les « professeurs ressources » se retrouveraient très rapidement dans l'impossibilité d'assurer leur fonction, et à court terme, ce serait la très grande majorité des enseignants de l'Académie qui ne seraient plus en mesure d'utiliser les TICE de manière pertinente.

     Il semble pourtant que l'on envisage de diminuer les moyens de fonctionnement du Catice, à l'heure où il faudrait au contraire les développer.

     Comment pourrait-on le comprendre et l'accepter ?

Philippe Fortin
Professeur Ressources TICE,
Lycée Barthou, PAU

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Association EPI

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