Une première lecture EPI du rapport Thélot
rendu public le 12 octobre 2004

http://www.debatnational.education.fr/upload/static/ lerapport/pourlareussite.pdf
 

     Il n'est pas question pour l'EPI de s'exprimer sur l'ensemble de ce rapport, nous nous contenterons de notre domaine de compétence l'informatique et les TIC.

     Parmi les axes majeurs de ce rapport, un « socle commun des indispensables », soit « ce que tous les élèves doivent absolument maîtriser à chaque étape de la scolarité obligatoire ». La Commission Thélot propose qu'aux côtés des deux piliers, la langue française et les mathématiques, figurent deux compétences, l'anglais de communication internationale et la maîtrise des technologies de l'information et de la communication.

     Après la lecture de ce volumineux rapport, faut-il voir la bouteille à moitié vide ou à moitié pleine ?!

     Pour le vide, on peut souligner, comme le fait 01 Net, « Un paragraphe noyé dans un texte de 160 pages. On ne peut pas dire que les technologies de l'information et de la communication (TIC) tiennent le haut du pavé ». Effectivement, la commission donne l'impression de quelque peu « sécher » sur ce domaine qui lui est peu familier.

     Pour le vide également, l'aspect purement utilitariste de l'informatique souligné par « l'usage de l'ordinateur » qui contraste avec la « maîtrise » des TIC dans le titre même du paragraphe. Il y a longtemps que l'EPI, et d'autres, ont démontré que la maîtrise d'un ordinateur et du monde numérique ne s'acquiert pas seulement par une simple pratique.

     Pour le vide encore, la grande faiblesse du chapitre sur la formation des enseignants pour ce qui concerne l'informatique et les TIC. Nous aurons l'occasion d'y revenir car il s'agit là d'une revendication « historique » de l'EPI.

     Pour le plein ; d'abord sur le plan symbolique. Le verbe « cliquer » a été remplacé par « se servir de l'ordinateur » et, plus loin, par « la maîtrise des TIC ». Voilà qui fait moins désinvolte. Notre réaction d'humeur a été entendue.

     Mais surtout, et ce n'est pas mince, pour la première fois à notre connaissance (en dehors des demandes réitérées de l'EPI) la « maîtrise des TIC » est proposée dans le socle commun de la scolarité obligatoire. La commission a entendu les recommandations de l'Académie des sciences (http://www.academie-sciences.fr/ actualites/ textes/ thelot_06_07_04.pdf) auxquelles d'ailleurs elle se réfère : « Il faut donner à l'emploi de l'ordinateur et à la fréquentation du monde numérique une attention beaucoup plus soutenue ». Et plus loin, à propos du collège : « La puissance et la sophistication des ordinateurs et de leurs logiciels appropriés font que leur bon usage nécessite un long apprentissage qui se poursuivra tout le temps du collège ».

     Mais nous ne sommes pas sûr (euphémisme) qu'un « long apprentissage » passe seulement par l'utilisation dans les disciplines. Rappelons ce que nous écrivions récemment à propos de la lecture du pré-rapport Thélot : « L'EPI défend une conception plus ambitieuse de la culture commune indispensable au XXIe ; siècle. Elle passe par un enseignement structuré, évolutif et ambitieux de l'informatique et des TIC - dans le cadre d'un enseignement scientifique et technique - qui ferait des élèves et des futurs adultes des utilisateurs avertis mais aussi, pour un grand nombre d'entre eux, des créateurs et des concepteurs. ». Nous partageons également la crainte de beaucoup d'enseignants sur la définition a minima du socle commun et le risque de « tirer vers le bas » l'ensemble du système éducatif.

     Restons en là pour l'instant car trop d'inconnues subsistent encore :

Si l'on en croit la presse de ce jour, François Fillon se dit favorable à l'apprentissage « dès le primaire, d'un anglais de communication » et à la « banalisation de l'usage des nouvelles technologies », tout en rappelant que le gouvernement reste « entièrement libre » face aux propositions du rapport Thélot sur l'avenir de l'école.

Rappelons aussi ce qui figure au début de l'encadré 1.1 « Les enseignements de la scolarité obligatoire. Illustrations » : « La commission n'a ni le mandat ni les moyens d'élaborer une programmation des enseignements. Elle propose même que le socle commun des indispensables soit défini par le Parlement et précisé par une Haute Autorité indépendante. Ce qui suit ne constitue donc pas une proposition mais une illustration destinée à montrer que l'exercice est réalisable ». Difficile d'être plus prudent !

     Va-t-il nous falloir convaincre la Haute Autorité, le Parlement, le Gouvernement, voire Bruxelles ?!

Association Enseignement Public et Informatique (EPI)
http://www.epi.asso.fr

13 octobre 2004

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Association EPI
Octobre 2004

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