Lecture EPI
des recommandations du HCE pour la formation des maîtres
 

   L'Association Enseignement Public et Informatique (EPI) a pris connaissance des recommandations du Haut Conseil de l'Éducation (HCE) pour la formation des maîtres. Naturellement, notre attention s'est plus spécialement portée sur notre domaine de compétence, l'informatique et les TIC.

   On ne peut pas dire que ce texte bouleverse la réflexion sur la place des Sciences et Technologies de l'Information et de la Communication dans la formation des enseignants. Il s'inscrit dans le « politiquement correct » à savoir, les technologies de l'information et de la communication sont un « outil », l'enseignant « s'en sert pour sa formation personnelle et dans son enseignement, comme outil didactique et comme moyen d'accès à la culture et d'ouverture sur le monde ».

   Si le HCE fait allusion (très brièvement à propos des professeurs des écoles) aux lacunes « préoccupantes, en particulier pour les sciences », il n'est pas question pour lui de sortir du schéma gravé dans le marbre des disciplines existantes. Même si, au XXIe siècle, le poids des STIC pourrait plaider en faveur de l'introduction d'une discipline nouvelle.

   Continuer à faire croire que tous les enseignants pourront acquérir une maîtrise * des technologies de l'information et de la communication est tout simplement une fiction malheureusement confirmée par les faits depuis des années.

   L'EPI demande depuis longtemps que la culture générale de tous intègre une culture scientifique et technologique portant notamment sur l'informatique et les technologies de l'information et de la communication.

  • Dès l'école élémentaire une première approche doit se faire grâce à une utilisation finalisée de l'ordinateur et des logiciels (journal de la classe, jeux éducatifs, didacticiels, création artistique...).

  • Au collège, de premiers éléments notionnels ont leur place dans le cours de technologie, dans une approche complémentaire de l'utilisation de l'informatique dans les différentes disciplines et activités.

  • Au lycée, un enseignement structuré et spécifique de l'informatique et des TIC, de nature scientifique et technique, est indispensable, les utilisations disciplinaires se poursuivant en s'approfondissant.

   Le Ministère de l'Éducation nationale persiste dans l'orientation qui est la sienne depuis de longues années : « l'informatique ne s'apprend pas au lycée d'enseignement général, elle se pratique dans les différentes disciplines et activités ». Le HCE lui emboîte le pas sans état d'âme. La démarche peut paraître séduisante. Est-elle pour autant pertinente ? Les mathématiques sont également un outil pour les autres disciplines, tous les élèves doivent donc se les approprier. La réponse institutionnelle, la seule possible, est de les étudier pour elles-mêmes. Il en va de même pour l'apprentissage de la langue maternelle.

   Pourquoi en serait-il autrement de l'informatique et des TIC ?

   Comme ils apprennent à lire un texte, à construire une fonction ou à parler une langue étrangère, les élèves doivent s'approprier les connaissances « informatiques et TIC » qui leur donneront le recul nécessaire, faisant d'eux des utilisateurs avertis et autonomes de l'ordinateur, et des citoyens à part entière. Ceci repose sur l'acquisition et la maîtrise progressive de notions, de concepts et de principes de natures scientifique et technique.

   L'informatique et les TIC peinent à être reconnues comme un objet d'enseignement en tant que tel, à partir d'arguments divers comme une prétendue facilité d'utilisation. Il faut saluer l'annonce récente du Ministre de l'Éducation indiquant que le B2i ferait partie des épreuves du brevet des collèges, en contrôle continu. Toutefois, il n'existe pas encore d'enseignement systématique, localisé dans une discipline avec des enseignants, des cursus, des progressions, des notions identifiées dont l'acquisition est loin d'être spontanée. Or, on sait que la simple utilisation d'un outil ne suffit pas à sa maîtrise et que l'efficacité économique dépend précisément de cette maîtrise par le plus grand nombre.

   Un tel enseignement, indispensable et complémentaire des autres approches, ne peut exister sans une formation spécifique des enseignants à l'Université puis dans les IUFM.

   Rappelons ce que déclarait l'assemblée générale de l'Association en novembre 1994 :
« ... nous restons persuadés qu'un pays comme le nôtre, et l'Europe toute entière, ne pourront garder leur identité, résister à la concurrence internationale, créer des emplois et dégager des ressources pour la collectivité que s'ils développent des secteurs de haute technologie nécessitant une main d'oeuvre compétente en matière de technologies modernes (...) main d'oeuvre issue d'une société dont la culture globale aura intégré, grâce au système éducatif, ces technologies. »

Paris, 12 novembre 2006

Le Bureau national de l'EPI
courrier@epi.asso.fr
http://www.epi.asso.fr

Texte intégral (23 pages, 118 Ko) sur : http://www.hce.education.fr/gallery_files/site/19/32.pdf.

NOTE

 * Maîtrise : selon le Petit Larousse « domination incontestée » ou selon l'Académie « Connaissance approfondie et sûre (d'un objet de pensée, d'une discipline, d'un art, d'une technique) ». On en est bien loin pour l'ensemble des enseignants !

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Association EPI
Novembre 2006

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