Le discours de Barak Obama devant le Congrès
 

   C'est évidemment la partie consacrée à l'Éducation qui a retenu notre attention. Le souci d'élever le niveau de formation de tous ne se concentre pas uniquement sur l'enseignement supérieur. Il est tout aussi présent aux niveaux correspondant à notre collège et notre lycée. L'enseignement primaire n'est pas oublié.

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Le texte du discours en anglais : http://www.lesechos.fr/medias/2009/0225//300332628.pdf,
http://www.hispanicbusiness.com/news/2009/2/25/ president_barack_obamas_feb_24_speech.htm,
http://edition.cnn.com/2009/POLITICS/02/24/sotn.obama.transcript/.

Le 24 février 2009 Barak Obama, Président des États-Unis, s'adressait au Congrès.

   Tout le monde s'accorde à dire qu'il a remporté un grand succès à cette occasion. C'est qu'en fait Monsieur Obama ne s'est pas contenté de faire un discours pour remplir une tâche relevant de la tradition politique américaine. Ce qu'il avait en vue, c'était de rassembler. Pas de récriminations, pas de griefs, pas d'attaques partisanes. Il voulait convaincre les citoyens américains, il voulait obtenir un consensus.

   Évidemment, le sujet central de son intervention était la crise mondiale, mais il n'était pas là pour en parler, et s'en lamenter, son but était de redonner à tous du courage et de l'énergie. Il a déclaré devoir appuyer son programme sur les trois secteurs les plus susceptibles, à ses yeux, de faire renaître la croissance aux États-Unis : l'énergie, la santé, l'éducation.

   C'est ce dernier chapitre qui a retenu notre attention, bien entendu.

Investir dans l'éducation est donc une priorité. En règle générale, on entend ce genre de propos dans tous les discours des politiciens de la planète. Mais Monsieur Obama n'est pas tombé dans le piège de la rengaine. Il veut que les Américains soient les plus innovants dans tous les domaines : il est lui-même innovant dans son appréhension des urgences dans la société de la connaissance, l'économie de la connaissance. Et, formé à l'école anglo-saxonne, il apporte à ses prises de position une dimension immédiatement pragmatique.

   Il prévoit notamment un allègement d'impôt de 2 500 dollars par an pour les familles qui ont un enfant à l'université (ce sur une durée de 4 ans par enfant). Cette mesure est destinée à aider les familles les moins aisées (?). L'objectif plus lointain est d'augmenter le nombre d'étudiants en formation à l'université, d'éviter les décrochages et l'abandon des études (qui concerne plus de la moitié des étudiants américains). Pour être plus compétitive l'économie américaine a besoin de citoyens davantage formés, il faudrait que la moitié des jeunes aient un niveau bac+4 dès 2020.

   Le souci d'élever le niveau de formation de tous ne se concentre pas uniquement sur l'enseignement supérieur. Il est tout aussi présent aux niveaux correspondant à notre collège et notre lycée. L'enseignement primaire n'est pas oublié, le Président n'abandonne pas la politique du « No Child Left Behind » (pas d'enfant laissé en arrière), au contraire il veut renforcer les moyens. En outre il prévoit de réduire très sensiblement l'âge d'accueil des jeunes enfants dans les écoles (« early childhood education »), car les premières années de la vie sont les plus formatrices.

   L'ambition de rendre les États-Unis le pays le plus compétitif des années à venir conduit le Président à recommander à tous les adultes américains de consacrer au moins l'équivalent d'une année de leur vie à des études supplémentaires ou à de la formation professionnelle : cela relève, pour Monsieur Obama, du devoir de citoyen, c'est une obligation de type service national, y manquer serait une quasi trahison.

   Les ressources prévues pour l'éducation seront importantes, il n'y aura pas de postes supprimés. Mais les ressources n'étant pas extensibles à l'infini, il faudra réviser et réformer le système. Les enseignants devront devenir plus performants, ils devront être en mesure de former des élèves et étudiants prêts pour la compétition, prêts à diriger leurs efforts pour le bénéfice de la nation. L'innovation en matière d'éducation devient une priorité. Les méthodes les moins productives seront abandonnées au profit des pratiques les plus prometteuses.

   Le Président, en conclusion, rappelle à tous les Américains que l'éducation commence à la maison, et que les parents ont une responsabilité fondamentale dans le devenir de leurs enfants : ils doivent veiller à ce que ceux-ci passent moins de temps devant la télévision, les jeux vidéo, ils doivent les aider dans leur travail scolaire.

   Le Président n'a fait allusion ni aux TIC, ni aux TICE, encore moins à l'informatique et son enseignement. D'ailleurs il n'a pas fait référence aux sciences, technologies, engineering, maths (les STEM) dont l'ACM nous parlait en janvier (voir l'article de l'EPI sur ce sujet, http://www.epi.asso.fr/revue/lu/l0902a.htm).

   Finalement on peut dire que le Président Obama avait une belle partition (made in the USA) et qu'il l'a bien interprétée (style Obama). Les Américains y ont retrouvé le souffle des grandes causes (américaines). L'Europe saura-t-elle composer avec la nouvelle donne en faisant preuve d'une semblable virtuosité ?

Jacques Souillot

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Association EPI
Mars 2009

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