ÉLÉMENTS POUR UN DÉBAT...

À propos de l'option informatique en Seconde
 

Bien que l'EPI n'ait pas participé (malgré sa demande du 04-05-81 au Directeur des Lycées) aux travaux préparatoires concernant l'expérimentation de l'option informatique, nous publions ce texte, diffusé par la Direction des Lycées, et le soumettons à votre réflexion critique en vue de la prochaine Assemblée Générale : le 24 Octobre 1981 au Lycée Henri IV.

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   La généralité et l'adaptabilité de l'outil informatique permettent aujourd'hui son introduction dans des domaines aussi variés que nombreux. Ainsi, il est peu de métiers dans lesquels l'homme ne sera pas demain conduit à utiliser des machines informatiques.

   Ce mouvement crée pour le Ministère de l'Éducation plusieurs obligations :

  • permettre à tous les élèves de connaître et comprendre l'informatique afin d'en maîtriser les conséquences sur leur activité professionnelle et personnelle.
    C'est pour déterminer les mesures aptes à répondre à cette dernière obligation qu'une expérience d'enseignement de l'informatique est mise en place, sous une forme optionnelle, pour les élèves des lycées.

  • utiliser les moyens fournis par l'informatique pour améliorer l'efficacité de l'enseignement. C'est le but de l'opération de développement de l'outil pédagogique dans les lycées (« 10 000 micro-ordinateurs »).

  • former des spécialistes informaticiens et des spécialistes des professions concernées, compétents en informatique. C'est le but de la rénovation et du développement des formations professionnelles correspondantes.

   Un double objectif sera recherché au travers de cet enseignement :

  • acquisition de connaissances de base sur les concepts, méthodes et outils de l'informatique,

  • vision générale des domaines d'application de l'informatique et des conséquences de l'informatisation.

   Cet enseignement n'est donc pas à considérer comme préparant à l'exercice d'une profession déterminée. C'est un enseignement de type général qui doit permettre aux élèves de préparer leurs choix en connaissance de cause et de pratiquer ultérieurement le dialogue avec les professionnels de l'informatique.

   Cet enseignement doit concourir à promouvoir l'informatique dans toutes ses dimensions. Le cours sera l'occasion d'établir des liens nombreux et naturels avec les autres disciplines enseignées (tant par l'utilisation des connaissances acquises par les élèves dans ces disciplines, que par le choix des exemples et des réalisations). Il contribuera par là à souligner la portée de la démarche informatique.

   Enfin, l'informatique étant une discipline vivante en prise directe sur l'activité humaine, on recherchera en permanence à marier acquisitions théoriques et approche pratique des problèmes.
 

OPTION INFORMATIQUE

Programme de la classe de seconde

   Ce programme comporte des notions relevant de 3 aspects de l'informatique dont l'ordre de présentation est laissé à l'appréciation du professeur. Il n'est pas limitatif, mais fixe plutôt les points qui doivent être présentés dès la seconde.

1 - Généralités

1.1. L'information
Nature, Traitement, Représentation, Supports physiques.

1.2. Le matériel informatique
L'ordinateur (mémoire, unité de traitement ...)
Les périphériques

1.3. Le logiciel
Nécessité de programmes pour commander l'ordinateur.
Importance pratique et problèmes de réalisation.

2 - Méthodes informatiques

   L'enseignement doit mettre l'élève à même de :
- lire un texte et formuler le problème à résoudre
- proposer et formuler avec précision une méthode de résolution
- la rédiger dans un langage de programmation - la mettre en oeuvre sur un ordinateur

   Pour cela, le professeur développera des exemples typiques, en insistant sur les aspects méthodologiques. En travaux pratiques, les élèves pourront reprendre ces exemples et traiter de façon comparable d'autres problèmes de difficulté comparable. En classe de seconde, on pourra s'en tenir aux programmes suivants :

2.1. Programmes sans boucle

- désignation des objets. Suite d'instructions
- détermination des cas et structuration du programme
- lecture des données, présentation des résultats

2.2. Programmes répétitifs simples

- répétition d'une même action simple sur une suite de données
- notions de variables, changement de valeur des variables. Le programme comme suite de transformation modifiant des situations.

2.3. Programmes itératifs simples

Programmes dans lesquels on construit la solution en allant de la situation initiale à la situation finale par étapes successives repassant plusieurs fois par une même situation générale.

Construction raisonnée garantissant une bonne compréhension de l'action du programme et l'assurance de sa validité.

Stylistique

   Conseils de rédaction permettant une bonne lisibilité des programmes, et notamment :
- structuration du programme en paragraphes, choix des indentificateurs,
- bon emploi des commentaires,
- documentation.

3 - Application de l'informatique

Présentation de quelques exemples d'application de l'informatique dans la vie courante (gestion, calcul scientifiques, simulation, banques de données, bureautique...).

Implication de l'informatisation de la société sur la vie des citoyens.
 

–––––––––––– COMMENTAIRES ––––––––––––

   Ce programme répond à deux objectifs majeurs fixés par le Ministère de l'Éducation :

  • donner au futur citoyen une connaissance suffisante de l'informatique pour qu'il ne soit pas asservi à une technique nouvelle mais puisse en cas de besoin y faire appel et discuter avec des spécialistes ;

  • développer chez les élèves des facultés d'analyse et de raisonnement.

   L'enseignement se gardera d'être théorique ou doctrinal. Les généralités ne seront pas nécessairement présentées de façon séparée en début d'année. C'est à propos d'exercices de cours que le professeur développera tel ou tel point, sans aller trop loin. La présentation de la structure d'un ordinateur ne peut être faite de cette façon mais on attendra qu'une certaine pratique ait fait croître la curiosité des élèves pour qu'un cours réponde ainsi à leur attente. La part de ces généralités ne devrait pas excéder 10 à 15 % de l'enseignement total.

   La programmation sera enseignée par l'exemple. Le professeur devra s'efforcer de développer chez les élèves de bonnes habitudes de travail. Il fera en sorte qu'ils n'utilisent l'ordinateur qu'après une préparation sérieuse du programme, aboutissant à une rédaction qui devrait être correcte du premier coup. L'organigramme peut être un outil de préparation mais on évitera d'y recourir systématiquement, dans la mesure où il invite beaucoup trop à penser en termes de succession d'actions, alors que le point essentiel est la succession de situations. La méthode dite de « programmation descendante » sera d'une grande utilité pour construire des programmes clairs et structurés, où les difficultés sont traitées une par une, et sans que le besoin d'un organigramme se fasse sentir.

   Les séances de travaux pratiques sur ordinateur seront précédées de séances de travaux dirigés où les élèves conduiront leur propre analyse du problème et la recherche d'une méthode de résolution, ainsi qu'une première approche du programme aboutissant à un plan détaillé de celui-ci. Ce travail doit être fait en classe dédoublée. Chaque binôme pourra alors rédiger son propre programme, puis l'essayer sur ordinateur dans une autre séance de travaux pratiques organisés de telle sorte qu'il n'y ait pas plus de 2 élèves par poste de travail.

   Le professeur sera obligé de présenter un langage de programmation aux élèves pour leur permettre d'accéder à l'ordinateur. Il évitera une présentation systématique du langage, par trop fastidieuse. Les rudiments se mettront d'eux-mêmes en place à l'occasion des exemples en cours. Plus tard, une ou deux séances suffiront pour donner aux élèves un outil de travail à la mesure de leurs besoins. On évitera autant que possible les constructions du langage dont la complexité nuit à la clarté du programme. On s'efforcera de ne recourir aux formats de sortie qu'en cas d'absolue nécessité. Les élèves n'ayant que trop tendance à présenter de façon splendide des résultats dont ils ignorent la validité.

   Il faut demander aux élèves de travailler comme si leurs programmes devaient toujours être justes du premier coup, mais en même temps leur apprendre à se contrôler. L'ordinateur peut les y aider, s'ils savent choisir des données pour l'essai de leur programme. Toutefois, il faut obtenir qu'à la détection de chaque erreur, ils sachent déterminer sa nature : faute de frappe, corrigée aussitôt ; étourderie, à laquelle on peut en général remédier facilement ; faute de logique, demandant nécessairement une ré-étude du programme, et une nouvelle rédaction.

   On apprendra aux élèves qu'un programme ne se rédige pas en une seule fois, mais qu'il faut d'abord en faire un plan, puis des brouillons jusqu'à avoir quelque chose de propre et clair.

   On se rappellera que ce programme de cours ne représente que la première année d'une option qui s'étend sur 3 ans. Il y aura le temps, en classe de première et terminale, de présenter des programmes plus complexes, de parler dé structures d'informations et de procédures, si le professeur juge bon de s'en tenir aux notions présentées ici.

   Par contre, il parait nécessaire que dès la fin de la seconde, les élèves aient un panorama raisonnable de l'informatique. Les applications ne seront pas traitées comme un chapitre à part. À propos de chaque exemple traité par le professeur ou exercice proposé à l'élève, on s'efforcera de le situer dans une application de l'informatique dont il est un petit morceau. Dans cet esprit, il est indispensable de présenter les fichiers, et, si l'installation le permet, de faire faire aux élèves une petite manipulation de fichiers. Ce sera une excellente introduction aux banques de données, ainsi qu'aux problèmes législatifs connus sous le nom « informatique et liberté ».

   L'enseignement de l'informatique ne doit pas être fermé sur lui-même. Le professeur fera écrire par les élèves des programmes intéressant les autres disciplines, comme par exemple :

- étude de suites convergences ou expériences statistiques (Math)
- résolution d'équations différentielles simples pas à pas (Physique)
- étude des intérêts composés (Économie)
- analyse syntaxique (Lettres)

   Il pourra aussi étudier avec les élèves des programmes écrits par des professeurs d'autres disciplines Ceci sera fait avec les professeurs de ces disciplines, avec des prolongements souhaités dans ces disciplines.

   Il faut éviter de laisser croire aux élèves que le langage qu'ils utilisent est le seul qui existe. Si on le peut, on leur donnera un bref panorama sur quelques langages d'emploi très courant en leur montrant comment celui qu'ils connaissent est de la même famille, le passage d'un langage à l'autre n'étant pas en général un problème difficile.

   L'option devra conduire à une épreuve au baccalauréat, on demandera dès la seconde la rédaction de documents présentant l'analyse des problèmes et la préparation des programmes. Ce peut être l'objet de devoirs ou de cahiers de travaux pratiques.

Le contenu de ce texte nous conduit à réitérer notre demande de concertation.

Le Bureau EPI

Paru dans le Bulletin de l'EPI  n° 23 de septembre 1981, pages 35-41.

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Association EPI
Octobre 2010

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