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« Apprendre autrement » à l'ère numérique.
Se former, collaborer, innover : un nouveau modèle éducatif pour une égalité des chances.

Rapport de la mission parlementaire de Jean-Michel Fourgous, député des Yvelines, 24 février 2012 (extraits).

II-4-1 Le B2i : un brevet théorique, d'un autre temps

À l'heure actuelle, le numérique n'est pas enseigné. Le B2i, dépassé par des technologies et des usages en évolution constante, se contente de combattre quelques mésusages...

Pourtant, si dans la plupart des pays ayant mis en place un outil de validation des compétences numériques des élèves, on note la formation progressive du jeune vers un statut de « producteur actif et créatif » de contenus, cette formation est inexistante en France : il n'y a ainsi aucune référence au travail collaboratif et à la créativité, compétences pourtant essentielles à développer dès le Primaire.
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Actuellement, le B2i se contente essentiellement de combattre les mésusages. À l'heure où les enfants accèdent aux TIC à un âge de plus en plus jeune, le B2i n'est plus adapté à cette catégorie d'âges. Les compétences qui y sont inclues demandent à être revues. Par conséquent, ce qui était à l'origine une excellente initiative, a aujourd'hui deux conséquences majeures néfastes :
- Un creusement des inégalités entre les élèves
qui reçoivent un soutien efficace de leurs parents et les autres qui n'en bénéficient pas,
- Une formation implicite superficielle des élèves aux compétences numériques.
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II-4-2 Enseigner le numérique comme on enseigne le français

Le numérique doit être enseigné afin de développer l'autonomie d'utilisation de tous les élèves, de favoriser l'égalité des chances de réussite et de permettre de former les jeunes aux métiers qui se créent.

Former au numérique pour sortir des utilisations basiques et des savoirs mimétiques superficiels.

Au Royaume-Uni, Allemagne, Finlande, comme en Espagne, les technologies sont enseignées à la fois par des enseignants spécialisés et par les autres enseignants. Elles sont utilisées comme supports pédagogiques afin de permettre la formation des élèves et étudiants aux compétences attendues au XXIe siècle et sont enseignées en tant que telles, afin de former réellement les jeunes au monde numérique qui les attend.
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Il est temps de sortir de la conviction irréaliste que le numérique est l'affaire de toutes les disciplines : cela ne peut pas conduire à une formation adéquate. L'École doit garantir l'accès à tous à la culture contemporaine, très fortement impactée par le numérique. Noyé au sein de chaque discipline, le savoir technique devient implicite. Il n'y a pas le temps pour la réflexion sur les usages, pas de prise de distance possible (les enseignants qui prennent ce temps ne peuvent pas terminer les programmes scolaires !). Les usages sont donc pour l'instant superficiels, limités et répétés.
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Vers la création d'une vraie discipline

Il est fondamental aujourd'hui d'aller encore plus loin que ne le prévoit la réforme du lycée de 2010 (enseignement de deux heures hebdomadaires d'informatique et sciences du numérique en série S126).

Former au numérique pour lutter contre la fracture de second ordre

Lutter contre les inégalités sociales, c'est développer l'autonomie de chaque enfant face à ces outils et ce, dès l'école maternelle. La démarche consistant à n'utiliser le numérique que comme simple support pédagogique n'aboutira qu'à des usages simples, ne permettra pas de lutter contre les inégalités et en aucun cas, n'aboutira une amélioration du système éducatif.

Former aux outils et usages du numérique est une façon de s'assurer que tous les jeunes, pas seulement les plus privilégiés, peuvent utiliser la technologie de façon pertinente et acquièrent la culture numérique.

Les compétences communicationnelles ne sont pas innées. Il est nécessaire de montrer aux jeunes les possibilités de travail qu'offrent ces outils, de les former à les utiliser comme support d'individualisation, de formation et de création. Il est nécessaire d'explorer à l'école les stratégies permettant les « bonnes » utilisations des TIC afin d'encourager les usages « éducatifs » à la maison, et lutter contre l'impact des inégalités sociales.
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L'expérience du Royaume-Uni

Au Royaume-Uni, les entreprises high tech nationales peinent à recruter et se plaignent des lacunes sévères des candidats et des diplômés se présentant pour ces postes. Les nombreux rapports vont dans le même sens et soulignent que les détenteurs de License en informatique sont ceux qui connaissent le plus fort taux de chômage.

Le ministre britannique de l'Éducation nationale a réagi en élargissant l'autonomie des établissements scolaires et en recourant au secteur privé : « les écoles seront désormais libres d'enseigner ce qu'elles souhaitent dans ce domaine, en mettant notamment l'accent sur la programmation. (...) Au lieu de voir nos élèves s'ennuyer à mourir dans des cours leur apprenant à se servir d'Excel et de Word, nous pourrions voir des enfants de 11 ans capables de réaliser des animations simples en 2D sur ordinateur. À 16 ans, ils pourront écrire leurs propres applications pour smartphones. (...) Les enseignants auront désormais le droit de se concentrer sur des sujets qu'ils jugent importants : apprendre comment fonctionne un ordinateur, étudier les bases de la programmation et du code, et encourager les élèves à "bidouiller" eux-mêmes. »

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Former les élèves réellement au numérique implique, soit de créer une nouvelle matière, soit d'intégrer cet enseignement dans le programme de technologie : les enseignants de technologie travailleront alors en étroite collaboration avec les professeurs-documentalistes : le contenu disciplinaire de ces deux professions doit donc évoluer et leur statut doit comporter des temps obligatoires de concertation et de travail collaboratif.

Une formation au numérique pourrait ainsi comprendre quatre grands thèmes. L'utilisation des outils numériques impliques d'acquérir des compétences transversales, sociales... qui pourraient être évaluées dans ce même cadre...

  • Être autonome, savoir se former et s'adapter
  • Communiquer et travailler de manière collaborative
  • Devenir créatif (avec notamment : Savoir coder l'information, connaître les bases de la programmation)
  • Devenir responsable et « citoyen numérique »

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Propositions

Former réellement les élèves et étudiants aux compétences numériques par la création d'une matière ou de modules spécifiques, du primaire à l'université

  • Rendre l'élève autonome face aux outils numériques : revoir le B2i afin d'en faire un support flexible, capable développer la culture numérique, les nouveaux usages et compétences numériques du 21e siècle,

  • Créer un enseignement au numérique du primaire à l'université,

  • Promouvoir la cyber-éducation du citoyen de demain en créant de nouveaux modules d'éducation aux outils et aux médias numériques,

  • Revoir les compétences numériques exigées au primaire, au collège et au lycée afin de favoriser la réussite à l'université et la réussite professionnelle,

  • -Inclure les compétences numériques dans tous les contrôles et examens, diplômes,

  • Sensibiliser les parents par des journées de sensibilisation à Internet se déroulant dans les Écoles et les établissements scolaires ou encore des ateliers qui auraient lieu dans les CRDP.

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http://www.missionfourgous-tice.fr/
http://www.missionfourgous-tice.fr/missionfourgous2/spip.php?article5
http://www.missionfourgous-tice.fr/missionfourgous2/IMG/pdf/Rapport_Mission_Fourgous_2_V2.pdf

Note de la rédaction EPI : à part quelques timides incursions dans le domaine des connaissances informatiques (comme, par exemple, « connaître les bases de la programmation ») la tonalité générale reste : l'utilisation des outils.
Ce rapport prône, sans surprise, un enseignement du « numérique » orienté vers les usages, complémentaire ou pas (ce n'est pas très clair) d'un B2i revu et corrigé.

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Association EPI
Avril 2012

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