L'association EPI défend à l'Élysée
l'enseignement de l'informatique à l'École
 

   Jean-Pierre Archambault et Jacques Baudé, de l'association EPI (Enseignement public et informatique), viennent d'être reçus, mardi 25 septembre 2007, par Jean-Baptiste de Froment, conseiller technique de Nicolas Sarkozy pour l'éducation, afin de discuter de la place de l'informatique à l'école. Chargés du dossier au sein de l'EPI, ils répondent aux questions de l'AEF. Ils sont également responsables d'un groupe de réflexion consacré à l'enseignement de l'informatique dans le système éducatif, qui vient d'être créé au sein de l'Asti (fédération des associations françaises des sciences et technologies de l'information).

L'AEF : Quelle a été la teneur des échanges avec Jean-Baptiste de Froment ?

Jacques Baudé : Plusieurs points ont été abordés autour des propositions de l'EPI pour valoriser l'enseignement de l'informatique : le renforcement de la partie « informatique et TIC » des programmes de technologie au collège avec des horaires en conséquence, la création d'un enseignement spécifique au lycée, la question de la formation des enseignants, celle de la nécessité d'une culture informatique pour tous, celle de la motivation des élèves dès le secondaire pour des carrières scientifiques.

Jean-Pierre Archambault : L'EPI avait interrogé les candidats à l'élection présidentielle sur l'opportunité d'un enseignement spécifique de l'informatique, complémentaire de l'approche par les différentes disciplines et activités (l'AEF n° 78164). Nicolas Sarkozy avait répondu qu'il « considère que l'enseignement informatique prévu au socle commun des connaissances et des compétences doit être renforcé, et inclure notamment l'enseignement des bases essentielles à l'écriture de programmes informatiques ». Il proposait alors une « refonte des programmes éducatifs consacrés à l'informatique, trop centrés sur la pratique, et le renforcement des moyens consacrés à ces formations informatiques ». Pour Nicolas Sarkozy, « en se concentrant sur la pratique, on crée une génération dépendante de la technique ; en se concentrant sur la technique, on crée une génération autonome et capable d'inventer toutes sortes d'usages ». Il va sans dire que l'EPI se reconnaît dans de pareils propos.

L'AEF : Quelle est la vocation du groupe « Informatique et TIC » que vous venez de créer ?

Jacques Baudé : Le groupe, en cours de constitution, rassemble actuellement une cinquantaine de personnes (universitaires, chercheurs, enseignants du secondaire, professionnels de l'informatique...). Il a pour vocation de travailler sur les contenus d'enseignement de l'école primaire à l'université. L'EPI dispose déjà d'une riche expérience en matière d'enseignement de l'informatique et des TIC au lycée. L'association était présente ès qualités au sein du Conseil scientifique national ayant suivi et piloté l'option informatique pendant une douzaine d'années. Jean-Baptiste de Froment s'est montré très intéressé par la proposition de l'EPI de le tenir informé des travaux du groupe « ITIC » de l'Asti.

Jean-Pierre Archambault : Il y a un enjeu d'importance puisqu'il s'agit de la culture générale informatique du XXIe siècle et des modalités éducatives à même de la donner. L'EPI prône depuis des années la complémentarité des approches de l'informatique et des technologies de l'information au collège et au lycée, c'est-à-dire d'une part dans les disciplines et activités traditionnelles, d'autre part dans un enseignement spécifique, structuré, progressif, dispensé par des enseignants formés. Forte d'une expérience du terrain de plus de 35 années, elle constate avec regret que la seule approche par les disciplines ne réussit pas à former les élèves d'une manière satisfaisante. De nombreuses enquêtes, rapports officiels et déclarations en témoignent. L'EPI n'est donc pas seule à faire pareil constat.

Jacques Baudé : Le rapport de la commission sur l'économie de l'immatériel de novembre 2006 souligne fortement que « l'incapacité à maîtriser les TIC constituera une nouvelle forme d'illettrisme aussi dommageable que le fait de ne pas savoir lire et écrire ».

L'AEF : Quelles propositions formulez-vous ?

Jean-Pierre Archambault : La garantie d'une bonne culture générale informatique scolaire tient, selon l'EPI, à une approche se fondant à la fois sur l'utilisation de l'ordinateur dans les disciplines pendant toute la scolarité, le B2i (brevet informatique et internet) à l'école primaire, le cours de technologie au collège et une matière « informatique et TIC » au lycée en tant que telle, dans tous les ordres d'enseignement (général, technique et professionnel), et validée dans le cadre des examens terminaux. Un rapport de l'inspection générale pointe des problèmes d'organisation pour le B2i au collège. D'une manière générale, le B2i souffre de l'absence de contenus scientifiques et techniques explicites dans des cursus couvrant l'ensemble de la scolarité, correspondant au développement des compétences visées.

Jacques Baudé : L'EPI est intervenue pendant des années auprès du ministère de l'Éducation nationale pour la création d'un enseignement de culture générale « informatique et TIC ». Cet enseignement était dans la logique du déploiement de l'option informatique des lycées, qui a fonctionné de 1982 à 1992 et de 1995 à 1998. Pour de mauvaises raisons, elle fut supprimée définitivement par Claude Allègre. Nous en sommes toujours au point mort. Tout le monde se plaît aujourd'hui à reconnaître que, au-delà de quelques savoir-faire plus ou moins opérationnels, les jeunes ne maîtrisent pas réellement les TIC et que la culture informatique des citoyens est très insuffisante dans un monde de plus en plus numérique. La pénurie en informaticiens de bon niveau se confirme, voire s'accentue. L'enseignement scolaire général n'a certes pas vocation à former directement des informaticiens, pas plus que des médecins ou des juristes, mais il permet de créer les conditions de l'émergence des vocations.

Contacts : EPI,
Jean-Pierre Archambault, jp.archambault@laposte.net.
Jacques Baudé, jacquesbaude@free.fr.

Lire aussi dans les dépêches :

  • Jacques Baudé (Enseignement public & informatique) plaide pour des cours d'informatique et de TIC
    L'AEF du 24 février 2003, n° 32031.

  • Présidentielle : Nicolas Sarkozy souhaite une « refonte des programmes éducatifs consacrés à l'informatique »
    L'AEF du 23 avril 2007, n° 78164.

Dépêche n° 84149 Cyril Duchamp Paris, jeudi 27 septembre 2007, 16:02:48.

Nous reproduisons cette dépêche avec l'autorisation de l'agence AEF, Agence d'informations spécialisées (enseignement et formation), que nous remercions ici.
http://www.aef.info.
http://www.educinfo.info.

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Association EPI
Septembre 2007

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