CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
Toutes ces réflexions incitent à penser
qu'une approche trop générale par compétences est
sans doute une piste moins fructueuse qu'on ne le pensait initialement
et qu'une certaine forme de re-problématisation s'avère
nécessaire.
Ainsi le concept de compétences, s'il est indéniablement
à la mode, n'est peut-être pas suffisamment solide vis-à-vis
de ce qui est en jeu dans le domaine complexe des multiples utilisations
possibles des TIC dans l'éducation. Concept emprunté au
discours de l'entreprise, son emploi dans l'éducation va de pair
avec un intérêt institutionnel vis-à-vis d'activités
interdisciplinaires ou transdisciplinaires dans lesquelles les technologies
jouent un rôle de facilitateur (TPE, travaux croisés, etc.).
C'est, d'une certaine manière, une façon de contourner
les disciplines scolaires installées. Mais des analyses par compétences,
dès qu'elles mettent en jeu les TIC, obligent à les réintroduire.
Cela amène également à s'intéresser à
la constitution d'une nouvelle discipline telle que la documentation.
Ainsi de nouvelles perspectives s'ouvrent, synthèse des recherches
précédentes autour de l'intégration et des recherches
en cours sur l'utilisation des ressources dans la classe.
Une nouvelle donne est celle de la généralisation (au
moins dans les discours et dans les incitations institutionnelles) des
formes d'enseignement ou d'apprentissage à distance ou tout au
moins assistées par les technologies de communication qui connaissent
un déploiement important. On peut ainsi identifier plusieurs
pistes intéressantes.
Les
compétences : leur genèse et leur partage
Les questions posées à propos des formations en ligne
(de plus en plus d'actualité avec la diffusion des moyens Internet)
sont surtout celles de la mutualisation des connaissances (partage des
expériences) à travers le web. Ce partage nécessite
un guidage fort et une logistique appuyée sur une vision de ce
que doit être la formation. Cette vision comporte notamment une
composante relative aux savoirs à transmettre. Ce qui est en
jeu, ce sont les conceptualisations pouvant être facilitées
chez les stagiaires.
Des études tendent également de mettre en évidence
les compétences pour encadrer des formations en ligne (par exemple
le travail mené par le CEDEFOP ).
Mais du côté de l'éducation, les travaux autour
des représentations des enseignants et de leurs gestes professionnels
sont à poursuivre. En particulier, l'identité professionnelle
reste un concept à mieux circonscrire, permettant d'éclairer
la position de communautés particulières d'enseignants
vis-à-vis des utilisations des TIC.
La question de l'évaluation des compétences demeure, mais
sous une forme modifiée qui est celle de la certification.
La
certification des compétences
Différentes initiatives nationales et européennes ont
conduit à des formes particulières de certification des
compétences : permis de conduire européen, certification
de constructeurs ou d'éditeurs de logiciels... La question est
alors moins celle de l'identification des compétences que des
modalités permettant d'attester qu'une personne en " détient
" certaines.
En France, la généralisation progressive du B2I amène
des interrogations : qui va en être responsable ? Comment vont
réagir les acteurs (notamment les parents) à ce nouveau
type de certification ? Comment le lien va-t-il se faire avec les activités
proposées aux élèves ? etc.
Les
modalités de formation des enseignants
La formation des enseignants reste une question centrale, dans la mesure
où les IUFM ne comblent pas toutes les attentes dans le domaine.
Ces formations doivent-elles revêtir un caractère obligatoire
? L'exemple des documentalistes est intéressant : mieux familiarisés
avec les TIC par leur programme de formation initiale, ils disposent
d'une grande liberté pour mettre en uvre des usages (TIC
et documentation) avec les élèves. A contrario, les enseignants
ne sont pas, pour le moment, contraints à entrer dans ces usages
mais sont cependant soumis à une certaine pression pour évoluer
dans ce sens. Ces aspects formels/informels, contradictoires, sont des
situations relativement inédites dans le milieu enseignant et
mériteraient des études plus approfondies. De nouveau,
la mise en uvre concrète du B2I va introduire des évolutions.
Mais le contexte de la formation et de l'éducation évolue
également : mutualisation, FOAD , communications synchrones ou
asynchrones, etc. D'un côté, il est important de s'interroger
sur les processus en cours d'industrialisation et de privatisation de
la formation. De l'autre, de nouvelles modalités de formation
peuvent émerger, fondées sur les échanges, avec
l'assistance des réseaux. Les études de cas discutées
en commun apparaissent comme une piste intéressante (cf. les
" groupes Balint " dans le domaine médical) pour traiter
des aspects difficiles du métier actuel d'enseignant.
La
documentation et la recherche documentaire
Un autre ensemble de questions se pose dans le domaine documentaire
: l'intérêt porte désormais majoritairement sur
les questions d'accès à l'information. Qu'entend on désormais
par maîtrise de l'information ? Comment évaluer les apprentissages
dans ce domaine ?
Les nouvelles épreuves de recrutement des enseignants de documentation
et plus particulièrement l'épreuve orale de techniques
documentaires fait une part importante à la maîtrise des
technologies (encyclopédies sur cédérom, logiciels
documentaires, recherche sur Internet). Un suivi de cette épreuve
et la façon dont les préparations s'y adaptent est une
piste de recherche intéressante.
Enfin une " didactique de l'informatique " est à reformuler,
prenant en compte les technologies actuellement diffusées, leurs
évolutions prévisibles et l'ensemble des acteurs les prenant
en charge dans l'éducation et regardant si, derrière les
utilisations simples et routinières des technologies, il n'y
a pas lieu de mettre à jour des concepts dont l'acquisition et
la maîtrise pourraient être importants dans la formation
des citoyens de demain.